L'équation du chat
Prologue | |||
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Cambridge | (Prologue) « De la même façon que le sang pulse une dernière fois dans ses veines, le bruit ruisselle autour d’elle. Ses rétines captent l’image ultime des éclairs colorés qui jaillissent par saccades dans l’obscurité, de l’autre côté de la rivière. Alors des mains attrapent ses chevilles. » | ||
Livre 1 | |||
Aujourd'hui | |||
Cambridge | (Hammond McLeod) « (Il) descend les trois marches qui mènent sur Trumpington Street et, dans la ville encore endormie, ses semelles frappent le pavage. Ainsi il parcourt une centaine de mètres, passe une façade blanchie à la chaux, des bicyclettes luisantes d’eau serrées contre un bâtiment de pierres rouges. Une partie de lui-même entrevoit le décor (...) (et), droit devant lui, identifie la forme vert olive. C’est la bâche de Fitzbillies, la cantine la plus populaire de la ville. (…) Il secoue la tête. Il est donc à l’angle de la rue qui mène aux différentes administrations de l’université de Cambridge. Là où Hartwick a ses bureaux. Et aussi Sherman. » | ||
Anstruther |
(Martha) « Pour traverser plus vite la pointe de terre au nord de laquelle se trouve St Andrews, (elle) a pris la B89131 (…). Et se retrouver dans Anstruther est comme une renaissance – surtout après la soirée de réveillon en famille. C’est donc à toute allure que la petite voiture dépasse le supermarché, les ronds-points, descend la colline, suit la route le long du port (...). Martha gare sa vieille Vauxhall (...) (s’en) extirpe (…). Lorsque (...) beau-papa et belle-maman squattent (la maison) (...) et que c’est l’époque du Mercato (…), la jeune femme se réfugie ici, dans la taverne rachetée par Bob il y a deux ans. Et qui est devenue depuis le meilleur Fish and Chips du coin. » |
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Chelsea |
(Denisa Brunner) « "Va pour le curry, conclut la femme. Pour commencer l'année de façon épicée sans que mon mari ait à s'y coller." Sur la banquette rouge (...), le mari (...) lève les yeux au ciel. Depuis l’autre côté de la salle, Denisa les observe. Ces deux-là (...) ont-ils des enfants ? Des petits-enfants ? La boule familière remonte dans la gorge de la jeune fille. Elle crispe les mains autour de sa tasse de chocolat, (...) baisse la tête. Ses cheveux retombent de chaque côté de son visage (…). Elle ne doit pas pleurer. Il y a du monde (…). (Mais à cet instant) "Je termine dans une minute… (…) Je t’en offre un autre ?" La voix la prend par surprise. (… Et) avant (que Denisa) puisse réaliser ce qui arrive, le garçon est assis à côté d’elle. » |
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Cambridge |
(Laurel Brunner) « La cavité est prête. A la fois ouverte et fermée, sombre et lumineuse, elle n’est que matière silencieuse. Pourtant, à la façon dont l’infini s’y reflète, elle semble vivante. Des mouvements infimes y disparaissent au moment même où ils surgissent, réelles autant qu’inexistants. Et si on avait la possibilité d’y regarder de plus près... » |
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(Douglas Sherman) « (Il) se penche en direction (...) de vêtements à demi immergés sous les fenêtres (du) Darwin College. (…) (Des) fringues balancées par des étudiants ? (Mais) la rivière déplace ce qui traîne entre les branches mortes (…). Et Doug aperçoit des cheveux collés sur un front maculé de vase (…). L’espace de quelques secondes, il reste interdit, puis (...) sort son portable de sa poche. S’il s’agissait de Hartwick ou de McLeod, il filerait sans (...) interrompre une agonie pour le moins bienvenue. (Mais ce) n’est pas le cas (...). » |
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(Hammond McLeod) « (Il) entre dans le hall (…), soupire. (…) S’il ne résout pas le problème Sherman avant ce soir, il (...) (reviendra) sans partenariat de recherche à St Andrews. Et merde (…). De toute façon, personne ne peut savoir ce qui se trame. Sauf Martha (…). (Qui) est la seule à pouvoir l’aider à renouer les fils avant (ce soir). (Donc) tant pis pour le Nouvel An. (…) Il écrit sur son téléphone (…) lorsqu’une voix retentit derrière lui. (…) Surpris, il pivote vers la femme qui se tient (…) (devant) la porte du restaurant (...) (Noreen Hartwick). Le passé qui vient à la rescousse du présent. » |
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(L'inconnu) « Il redresse la tête vers l’horizon, vers le bâtiment de l’autre côté de la rivière, l’incline de nouveau vers le téléphone. (Et) le lien se fait entre l’appareil désormais muet, le "Laisse-moi !" que son propre cerveau lui répète. Et celle qui se trouve dans la pièce là-bas. (…) Alors, en même temps que ses yeux clignent désespérément, son cerveau se projette vers d’autres fragments, d’autres lambeaux d’images, de sensations. D’émotions. » | |||
Hier | |||
Vienne 1931 |
(Eugen) « A côté des doigts dépliés, l’objet noir avec lequel Opa l’a fait jouer hier. "Attention, c’est un Mauser ! Tu vois, si tu appuies ici…" (…) Eugen déglutit. La mort. Il n’a jamais bien compris de quoi il s’agissait jusqu’à présent. (Même aujourd'hui) il n’y a que des adultes qui se disputent (…). "Mère, (...) la première crise du XXè siècle est là (…) ! La Kreditanstalt est en faillite! Nous ne nous sommes jamais remis de la guerre..." "Comment oses-tu, Peter? Devant le corps de ton père, de surcroït! (...) Quand je pense que nous devions déménager à Rathaus Strasse, dans les beaux quartiers!" (...) (Et) Eugen aperçoit la flaque qui s’élargit sous les cheveux gris d’Opa (…), se met à goutter sur le sol. » |